Cher journal,
Je m’empresse de m’extirper de ce dur bitume.
Je me hisse pour me sauver, légère comme une plume.
J’abandonne un geste qui ne vise personne en particulier.
Je salue la ville, j’embrasse pleinement cet échappé.
Au loin se couche la lumière qui m’a durement réveillé.
Au revoir soleil, bonjour soirée, je te rejoins émerveillée.
Cher journal,
Je t’ai vu au loin, un court instant.
Juste avant un bref clignement.
Étais-tu réelle ? Ou une apparition ?
Un battement de cœur, un frisson.
Un coup d’œil sur l’au-delà.
Une longue vue qui te réveilla.
Prête pour avancer, je suis plus forte.
Cette vision lumineuse me réconforte.
Cher journal,
Connectée avec la terre ou l’eau.
Je suis connectée avec moi-même.
Je touche la vie, elle touche mon corps.
Je parcours mes sens et me répand dehors.
Je sens la pluie, je sens le vent.
J’ai cent envies en un instant.
Du bout des doigts se réfléchit mon cœur.
Au bout de moi se trouve mon bonheur.
Cher journal,
Aussi loin que je puisse être, ou aussi proche du but recherché.
J’entrouvre ma cage et trouve encore un chemin à traverser.
J’écarte le voile et pose mes yeux sur l’immensité en mouvement.
Quelques pas de plus pour n’être qu’un point rouge dans le néant.
Une vue qui me rappelle que nous ne sommes que poussière.
Je m’éloigne, me déconnecte, il ne me reste que ma respiration.
Je n’avais plus entendu mon cœur battre avec cette vie sur terre.
C’est tout ce que je souhaitais, tourner le dos aux aberrations.
Cher journal,
Je bondis, mon cœur s’emballe, je m’élance telle une toupille.
L’attente fut longue, enfin me libère cette sonnerie.
Un simple son, dans cette pièce dépourvut de tout bruit.
Dans ma tête, le brouhaha des réponses s’ensuit.
J’ai attendu toute la journée, me préparant au pire.
Finalement je décroche et je ne trouve rien à dire.
Mais tu m’as appelé, et t’avoir à présent me fait plaisir.
Sans te voir, ta voix fait naître mes plus beaux désirs.
