Cher journal,
Je profite de ce dernier jour de soleil.
Perchée au-dessus du monde qui s’active.
Je reste sereine, mon agitation en veille.
Je fuis les rues grises pour des couleurs vives.
Ce sont les derniers moments d’un ailleurs.
Avant de plonger dans l’ombre d’ici quelques heures.
Des moments qui nourriront mon calme intérieur.
Je n’ai pas froid, je n’ai pas peur.
Cher journal,
J’ai rêvé d’un astre portant mon nom, scintillant de mille feux.
Mon double sur des milliers d’écrans surplombants les rues.
J’ai rêvé de mon visage sur des panneaux, grands et lumineux.
Le plus beau de mes regards dévisageant les inconnus.
J’ai rêvé d’une étoile filante au-dessus de la planète bleue.
Éclairant de sa lumière la terre, ma flamme est apparue.
J’ai rêvé un court instant, mon ciel s’illumina quelque peu.
Une place dans le ciel rien que pour moi et l’amour disparu.
Cher journal,
Que l'on éloigne loin de moi cette lumière du jour.
Maintenant que l'affluence fourmille dans les rues.
Je ne peux me retrouver avec la foule tout autour.
Enfant, je ne voulais pas être seule ou sans lumière.
À présent, recluse dans l'ombre je broie du noir.
La solitude me manque, j'aimerais revenir à hier.
Quand tout s'éteint et s'endort, je revis le soir.
Cher journal,
Je me retrouve au fin fond du monde, seule.
Une clairière isolée rien que pour moi.
Sous quelques rayons, au milieu des feuilles.
Une assise naturelle et végétale m’attendait là.
Ouvert devant moi, cher journal je te remplis.
Je décris ma journée, j’écris ce que je vois.
Page après page, le cahier s’assombrit.
Il y a tant de choses qui se passent juste là.
